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SARRERA DESBERDINA:

Décapitation

La décapitation désigne la séparation de la tête et du corps. Elle peut survenir de manière accidentelle ou volontaire (exécution). Dans ce second cas, elle est usuellement réalisée à l'aide d’un « tranche-tête » (couteau, épée, sabre, hache ou guillotine). En général, dans les cas de décapitation effectuée à l'épée ou à la hache, le condamné devait au préalable poser la tête sur un billot[style à revoir]. La décapitation peut être également réalisée sur le corps d'un homme mort.
Dans les écrits chrétiens ou de manière plus littéraire, on parle aussi de « décollation » (couper le cou) ou même de « décollement » (séparation d'un organe de son tissu). Plus spécifiquement, les archéologues différencient les deux termes, parlant de décollation lorsque la tête est ôtée à un cadavre, de décapitation quand elle est tranchée du vivant de la personne[1].
La décapitation a été utilisée comme peine de mort pendant des millénaires. Dans l'Antiquité, de nombreux chrétiens connurent ce martyre dont saint Jean-Baptiste, saint Paul ou saint Denis.
Les expressions françaises « punition capitale », « crime capital » ou « peine capitale » proviennent d'ailleurs de la racine latine caput, « tête », se référant à la punition pour les infractions graves impliquant la perte de la tête[4].
La décapitation par l'épée d'exécution (en) (ou à la hache, autre arme de guerre) était considérée comme une façon « honorable » de mourir pour un aristocrate qui était, du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle, un guerrier susceptible de mourir par l'épée lors d'un combat, alors que la mort sur la potence, par le bûcher ou par un autre moyen était vue comme « déshonorante » par cette classe[5]. Ainsi, en Grande-Bretagne, on pratiqua pendant cinq siècles le supplice appelé « hanged, drawn and quartered » pour punir les hommes accusés du crime de haute trahison, considéré comme plus vil que le meurtre.
Pour que le coup soit fatal, l'instrument des bourreaux était le plus souvent une lourde épée ou une hache manipulée à deux mains.
Si celle-ci était bien aiguisée — et le bourreau habile —, la décapitation était rapide et présumée être une peine de mort indolore. Si le tranchant de l'instrument était émoussé ou le bourreau maladroit, plusieurs tentatives pouvaient être nécessaires pour trancher la tête (par exemple, les exécutions de sainte Cécile, Robert Devereux, Thomas Cromwell, Marie Ire d'Écosse, James Scott ou Lally-Tollendal). Aussi recommandait-on au condamné à mort de donner une pièce d'or au bourreau pour s'assurer qu'il ferait son travail avec soin.
En France, sous l'Ancien Régime, la décapitation, appelée « décollement », était un privilège réservé aux nobles pour les exécutions capitales, par opposition à l'exécution des roturiers (décollation plutôt à la hache ou à la doloire, peine de pendaison) considérée comme infamante, mais les exceptions ne sont pas rares[6]. Elle était pratiquée à l'aide d'une épée, d'une hache, voire d'une doloire, le supplicié étant à genoux, sa tête devant parfois être préalablement posée sur un billot.
La décapitation à l'épée, considérée comme plus efficace (elle ne nécessitait souvent qu'un seul coup), fera notamment la réputation des bourreaux français qui affectionnaient cette méthode plutôt que celle utilisant la hache. À tel point que, lorsque le roi Henri VIII d'Angleterre fit exécuter sa deuxième épouse, Anne Boleyn, en 1536, il lui octroya le privilège d'être décapitée « à la française ». On fit alors venir expressément à Londres le bourreau de Calais (ville anglaise à l'époque) pour procéder à la sentence. Sa cinquième femme, Catherine Howard fut exécutée de la même manière en 1542.
Le est inscrite dans le Code pénal français la phrase « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » C'est ainsi que la décapitation fut la seule méthode d'exécution des civils (les militaires utilisaient le peloton d'exécution) jusqu'à son abolition définitive en 1981. La décapitation était réalisée à l'aide d'une guillotine. Environ 17 000 personnes sont guillotinées en France pendant la Terreur.
Cependant, lors de la conquête de l'Algérie par la France, il était d’usage jusqu'au de faire décapiter les condamnés à mort à l'aide d'un yatagan par des bourreaux algériens. À la suite d'une exécution à Alger qui, le , avait tourné à la boucherie, le ministre de la Guerre, le général Amédée Despans-Cubières, fit introduire l’usage de la guillotine en Algérie française et exigea que les exécuteurs soient européens[7].
La décapitation par la guillotine était censée être un mode de châtiment égalitaire (s'appliquant à toutes les classes de la société), rapide et sans douleur, quelle que soit l'habileté du bourreau. Néanmoins plusieurs témoignages relatent que la tête du condamné pouvait rester consciente pendant une demi-minute.
Des expériences neuroscientifiques d'électro-encéphalographie sur le crâne de rats décapités en 2011 confirment ces témoignages : elles montrent que les ondes électriques de « conscience » restent visibles environ quatre secondes après la décapitation, puis disparaissent au bout de 17 secondes (ce qui correspond à un état second de torpeur sans aucune conscience) et, au-delà de 50 secondes, une onde de basse fréquence intense est enregistrée, correspondant à la mort cellulaire définitive[8],[9].
Au XXIe siècle, trois pays procèdent encore à ce mode d'exécution officiel, toujours publique, à l'aide d'un sabre[10] :
Au début du XXIe siècle, la décapitation est utilisée par certaines organisations dans le but de terrifier leurs adversaires. Cette pratique est particulièrement utilisée par l'organisation criminelle Los Zetas au Mexique[11].
Pendant la guerre d'Irak et la guerre civile syrienne, de nombreuses décapitations de prisonniers et d'otages sont commises par les djihadistes d'Al-Qaïda en Irak, puis de l'État islamique, aussi bien de manière improvisée pendant les combats que lors de mises en scène filmées et diffusées sur Internet afin de terrifier leurs adversaires et de galvaniser leurs troupes[12],[13],[14],[15]. Dans ces vidéos, l'État islamique se caractérise par le soin apporté à la mise en scène macabre de ces exécutions et leur médiatisation mondiale grâce à Internet[15].
Au sein d'Al-Qaïda, en revanche, les décapitations ne font pas l'unanimité, même si quelques exécutions de ce type sont rapportées[16],[15]. Cette pratique n'est ainsi pas approuvée par Oussama ben Laden[17],[18]. En 2005, Ayman al-Zawahiri, alors numéro deux d'Al-Qaïda, écrit à Abou Moussab Al-Zarqaoui, le chef d'Al-Qaïda en Irak, pour lui demander notamment d'arrêter les décapitations[19],[20]. En décembre 2014, Nasser bin Ali al-Ansi (en), haut responsable d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), condamne également les décapitations d'otages qu'il qualifie de « barbares »[16],[17].
Lors des conflits irakien et syrien, des cas de décapitations commis par des soldats de l'armée irakienne ou des miliciens progouvernementaux[21],[22],[23], par des soldats de l'armée syrienne et des chabiha[24],[25],[26],[27],[28], par des rebelles syriens[29],[30], par des miliciens chiites pro-iraniens[31],[32],[33],[34] et par des mercenaires russes du Groupe Wagner[35],[36] sont également signalés.
La valeur symbolique de la décapitation a varié selon les époques et les contextes. Lorsque la France révolutionnaire l'adopte, elle est considérée comme reflétant une certaine égalité (car sous l'Ancien Régime on décapitait les nobles mais il y avait une multitude de supplices pour le tiers état). La guillotine est alors un progrès puisque la souffrance est censée être supprimée.
Mais, de nos jours, avec le recul de la peine de mort en Occident, le caractère souvent public des exécutions dans les pays où la décollation est encore pratiquée, et le caractère parfois bénin du « crime » ainsi puni, elle est plutôt considérée comme une méthode barbare et sanguinaire.
Si la décapitation est réalisée sur le corps d'un homme mort, la tête est ensuite exhibée, de manière à impressionner une population ou/et à humilier la personne morte, voire pour en retirer une rétribution, ou encore pour prouver le décès à la foule.
Les décapitations et expositions de têtes en Chine ont été souvent représentées, soit par le dessin[37], soit par la photographie[38].
Sur les autres projets Wikimedia :

  • Sandrine Thiol, « Analyse anthropologique d'une « tête coupée » à l'époque romaine. Le cas de la forêt d'Halatte (commune d'Ognon, Oise) », Revue archéologique de Picardie, no 18 (spécial),‎ , p. 281.
  • Thème de peinture : Judith et Holopherne.
  • Il en peignit deux sur le thème.
  • (en) Noah Porter, Webster's Revised Unabridged Dictionary, G & C. Merriam Co, .
  • Carine Giovénal et Alain Corbellari, « 42 | 2020 Le chief tranché », sur journals.openedition.org (consulté le )
  • Christiane Raynaud, À la hache: histoire et symbolique de la hache dans la France médiévale, XIIIe – XVe siècles, Le Léopard d'or, , p. 303.
  • « La guillotine en Algérie ».
  • (en) Clementina M. van. Rijn et coll, « Decapitation in Rats: Latency to Unconsciousness and the ‘Wave of Death’ », PLoS One,‎ (lire en ligne).
  • Sébastien Bohler, « Derniers instants d’un décapité », sur Pour la science, (consulté le ).
  • Martin Monestier, Peines de mort, Paris, Le Cherche midi, coll. « Documents », (réimpr. novembre 2004) (ISBN 978-2-86274-332-5).
  • Le Figaro : Mexique : l’arrestation de Z-40, premier succès sécuritaire de Pena Nieto, par Patrick Bèle.
  • Thomas Baïetto, Pourquoi les jihadistes de l'Etat islamique coupent-ils la tête de leurs adversaires ?, France Télévisions, 25 septembre 2014.
  • Armin Arefi, Journalistes décapités : comment l'État islamique utilise l'horreur, Le Point, 4 septembre 2014.
  • L'EI met en scène sa barbarie, Le Point avec AFP, 23 juin 2015.
  • a b et c Judith Duportail, « La décapitation, signature du terrorisme islamiste », sur Le Figaro, .
  • a et b Yves Bourdillon, Al Qaïda et l’Etat islamique, deux faces rivales d’un même totalitarisme, Les Echos, 14 janvier 2015.
  • a et b Wassim Nasr, Pour se démarquer de l'EI, Al-Qaïda entrouvre la porte aux journalistes, France 24, 11 décembre 2014.
  • Karen Lajon, Ce qu'écrivait Ben Laden dans ses lettres, Le JDD, 5 mars 2016.
  • Eric Leser, Al-Qaida aurait défini une stratégie en quatre étapes en Irak, Le Monde, 14 octobre 2015.
  • Al-Zarqaoui rappelé à l'ordre par ses supérieurs, Radio-Canada, 7 octobre 2005.
  • Magda Gad, Exclusive footage reveals brutal war crimes in battle against ISIS, Expressen, 28 juin 2017.
  • Allemagne: un ancien soldat irakien jugé pour crime de guerre, BFM TV avec AFP, 22 février 2017.
  • Nicolas De Rosa, Cette grand-maman irakienne décapite des soldats d'État islamique, Le Huffington Post Québec, 30 septembre 2016.
  • Samia Medawar, Issam Zahreddine, héros pour les uns, criminel de guerre pour les autres, OLJ, 20 octobre 2017.
  • Attacks Across Syria Leave Dozens Dead, VOA, 20 décembre 2011.
  • Florence Aubenas, Dans Alep, à l'heure de la terreur des chabiha, Le Monde, 6 août 2012.
  • Une milice fidèle à Bachar el-Assad a décapité 23 personnes à Maan, RTL Info, 1er janvier 2013.
  • Samuel Laurent, Migrants : la guerre des images, Les Décodeurs, Le Monde, 4 septembre 2015.
  • Syrie : indignation après la décapitation d'un enfant par des rebelles, AFP, 20 juillet 2016.
  • Un garçonnet décapite un officier d'al-Assad, 20 Minutes, 11 décembre 2012.
  • Les Observateurs, Les miliciens chiites de l’imam Ali, combattants cruels et habiles communicants, France 24, 5 juin 2015.
  • Vidéo : des miliciens chiites exercent des sévices sur des cadavres en Irak, France 24, 31 décembre 2014.
  • Les Observateurs, Des miliciens chiites rivalisent de barbarie avec l’EI, France 24, 10 septembre 2014.
  • L’ONU accuse une milice chiite irakienne d’enlèvements et de décapitations à Falloujah, MEE avec agences, 8 juillet 2016.
  • Benoît Vitkine, « Des mercenaires russes accusés d’avoir torturé et décapité un déserteur de l’armée syrienne », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Josie Ensor, Russian mercenaries 'beat and beheaded Syrian man' in leaked video, The Telegraph, 18 novembre 2019.
  • « Artworks », Institut d'Asie Orientale (consulté le ).
  • « Photographs », Institut d'Asie Orientale (consulté le ).
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