- Tailerra
- en saw
- es aserrar
- eu zerratu
scier
Ez dago emaitzarik
Bilatutako terminoa ez dago hiztegian.
- (en) Alexandra Elbakyan, « Some facts on Sci-Hub that Wikipedia gets wrong », sur engineuring, (consulté le ).
- (en) Darlene Storm, « Jump paywalls, score academic research for free, share it without being busted », sur Computerworld, (consulté le ).
- (en) Mary-Ann Russon, « Sci-Hub: Russian neuroscientist running 'Pirate Bay for scientists' with 48 million free academic papers », sur International Business Times, (consulté le ).
- (en) Lindsay McKenzie, « Is Sci-Hub Safe? », sur Inside Higher Ed (en), .
- (en) David Glance, « Elsevier acts against research article pirate sites and claims irreparable harm », sur The Conversation, (consulté le ).
- (en) « Netizen Report: Scholars in Colombia, Kazakhstan Face Legal Woes for Sharing Research », Future Tense, sur Slate, .
- (en) Simon Oxenham, « Meet the Robin Hood of Science », sur Big Think, (consulté le ).
- Yves Eudes, « Alexandra Elbakyan, la Kazakhe pirate d’articles scientifiques », Le Monde, (consulté le ).
- (en) Quirin Schiermeier, « Pirate research-paper sites play hide-and-seek with publishers », sur News & Comment, Nature, (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Sci-Hub Tears Down Academia's "Illegal" Copyright Paywalls », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- Yves Eudes, « Science en accès libre : les pirates du savoir », Le Monde, (consulté le ).
- (en) Carrie Russell et Edward Sanchez, « Sci-Hub unmasked Piracy, information policy, and your library », College & Research Libraries News (en), vol. 3, no 77, , p. 122–125 (DOI 10.5860/crln.77.3.9457).
- (en) « Nature’s 10 », Nature, vol. 540, no 7634, , p. 507 (DOI 10.1038/540507a, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Court Orders Shutdown Of Libgen, Bookfi And Sci-Hub », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Sci-Hub, BookFi and LibGen Resurface After Being Shut Down », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- « Sci-Hub, le site qui pirate des articles de recherche scientifique, est de retour », Le Monde, (consulté le ).
- (en) John Bohannon, « Who's downloading pirated papers? Everyone », News, sur sciencemag.com, (DOI 10.1126/science.aaf5664).
- « Sci-Hub, le Pirate Bay de la recherche scientifique, à nouveau privé de nom de domaine », Le Monde, (consulté le ).
- (en) Bastian Greshake, « Looking into Pandora's Box: The Content of Sci-Hub and its Usage », F1000Research, vol. 6, (DOI 10.12688/f1000research.11366.1).
- (en) Daniel S. Himmelstein, Ariel Rodriguez Romero, Jacob G. Levernier, Thomas Anthony Munro, Stephen Reid McLaughlin, Bastian Greshake Tzovaras et Casey S. Greene, « Sci-Hub provides access to nearly all scholarly literature », eLife, no 7, , article no e32822 (PMID 29424689, PMCID PMC5832410, DOI 10.7554/eLife.32822).
- Tom Bartlett, « Is the Pirate Queen of Scientific Publishing in Real Trouble This Time? », sur chronicle.com, The Chronicle of Higher Education (en), (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Sci-Hub Founder Criticises Sudden Twitter Ban Over Over “Counterfeit” Content », sur TorrentFreak, .
- (en) Sean Coughlan, « Police warn students to avoid science website », BBC News, .
- (en) Maddie Stone, « Academic Publishing Giant Fights To Keep Science Paywalled », sur Gizmodo, (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Science "Pirate" Attacks Elsevier's Copyright Monopoly in Court », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- (en) Kaveh Waddell, « The Research Pirates of the Dark Web », sur The Atlantic, (consulté le ).
- (en) Brian Owens, « Sci-Hub downloads show countries where pirate paper site is most used », Nature, (DOI 10.1038/d41586-022-00556-y, lire en ligne, consulté le )
- (en) John Travis, « In survey, most give thumbs-up to pirated papers », News, sur sciencemag.com, (DOI 10.1126/science.aaf5704).
- (en) Christophe Boudry, Patricio Alvarez-Muñoz, Ricardo Arencibia-Jorge et Didier Ayena, « Worldwide inequality in access to full text scientific articles : The example of ophthalmology », PeerJ, vol. 7, , e7850 (ISSN 2167-8359, PMID 31687270, PMCID PMC6825414, DOI 10.7717/peerj.7850, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Guido Bendezú-Quispe, Wendy Nieto-Gutiérrez, Josmel Pacheco-Mendoza et Alvaro Taype-Rondan, « Sci-Hub and medical practice : An ethical dilemma in Peru », The Lancet Global Health, vol. 4, no 9, , e608 (PMID 27539805, DOI 10.1016/S2214-109X(16)30188-7, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Llarina González-Solar et Viviana Fernández-Marcial, « Sci-Hub, a challenge for academic and research libraries », El profesional de la information, vol. 28, no 1, , article no e280112 (lire en ligne).
- (en) David W. Lewis, The Black Market for Scholarly Articles : You Can’t Have Elsevier without Sci-Hub, Indiana University–Purdue University Indianapolis (en), (lire en ligne).
- (en) Kate Murphy, « Should All Research Papers Be Free? », The New York Times, .
- (en) Ali Sternburg, « Why is the Media Talking About SOPA Again: An Explainer », Disruptive Competition Project, (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Elsevier Cracks Down on Pirated Scientific Articles », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- (en) Elliot Harmon, « What If Elsevier and Researchers Quit Playing Hide-and-Seek? », Electronic Frontier Foundation, (consulté le ).
- (en) Dalmeet Singh Chawla, « Court demands that search engines and internet service providers block Sci-Hub », News, sur sciencemag.com, .
- « Sci-Hub, le « Pirate Bay des articles scientifiques », menacé de blocage aux Etats-Unis », Le Monde, (consulté le ).
- (en) Ernesto Van der Sar, « Sci-Hub Loses Domain Names, But Remains Resilient », sur TorrentFreak, (consulté le ).
- « Sci-Hub perd trois de ses noms de domaine », sur Next INpact, (consulté le ).
- Nelly Lesage, « Sci-Hub et LibGen luttent pour la diffusion gratuite du savoir scientifique : la France ordonne leur blocage », sur Numerama,
- Marc Rees, « Les principaux FAI français doivent bloquer Sci-Hub et LibGen », sur Next INpact, .
- Nelly Lesage, « Sci-Hub et LibGen luttent pour la diffusion gratuite du savoir scientifique : la France ordonne leur blocage », sur Numerama, (consulté le ).
- Thibault Prévost, « Internet : la justice française bloque SciHub et LibGen, piliers du savoir libre », sur Konbini, .
- Martin Clavey, « Sci-hub et Libgen débloqués chez les FAI français ? », sur The Sound of Science, (consulté le ).
- Martin Clavey, « [Exclusif] Pourquoi les principaux FAI français bloquent de nouveau Sci-hub et Libgen », sur The Sound Of Science, (consulté le ).
- (en) Andy Maxwell, « Sci-Hub & Libgen Face ISP Blocking in India After Publishers File High Court Complaint », sur TorrentFreak, .
Wikipediako bilaketara joan
SARRERA DESBERDINA:
Sci-Hub
Sci-Hub (ou Scihub) est un site web fournissant un accès libre à des articles scientifiques obtenus par web scraping[1] en contournant les paywalls (« péages ») classiques des éditeurs académiques. Des publications sont ajoutées quotidiennement après avoir été téléchargées via des proxys d'établissements universitaires[2],[3]. Début 2020, cette bibliothèque clandestine permet ainsi de consulter gratuitement plus de 80 millions d'articles[4] dont l'accès coûterait sinon plus de 30 dollars environ par article[5],[6].
Il a été attaqué en justice par la maison d'édition scientifique Elsevier pour atteinte au droit d'auteur. En , l'adresse originale, sci-hub.org, est fermée. Des domaines alternatifs sont alors mis en place. Le tribunal judiciaire de Paris ordonne le à trois fournisseurs d'accès à internet de bloquer l'accès à Sci-Hub.
Pour de nombreux chercheurs, il s'agit d'un outil incontournable pour la recherche scientifique du fait du coût des articles qui ne peut être financé par les organismes de recherche, en particulier dans les pays émergents.
Le projet Sci-Hub a débuté le [7]. Il a été fondé par Alexandra Elbakyan[8], alors étudiante en neurosciences au Kazakhstan, dans le but de diffuser plus largement le savoir scientifique chez les personnes étant, comme elle, bloquées par les « paywalls »[9],[10],[11].
Entre 2011 et le printemps 2013, Sci-Hub fournissait un accès aux publications scientifiques sans les stocker, en utilisant des identifiants d'université ou d'organismes de recherche aléatoirement.
Parallèlement, LibGen commence à stocker des articles scientifiques issus de Sci-Hub, en 2012.
En 2013, la demande d'articles explose, notamment en Chine. Pour suivre cette demande, Sci-Hub a commencé à rediriger vers le répertoire de LibGen quand les articles y étaient déjà présents. Plus tard, la même année Alexandra Elbakyan a acquis de nouveaux serveurs, via une campagne de financement participatif, sur lesquels elle a installé une copie des données présentes sur LibGen dont un serveur est mort emportant avec lui quelque 40 000 articles.
À partir de 2014, le code est réécrit et une fonction de recherche automatique des articles (utilisant automatiquement tous les identifiants) est mise en place. Des copies des serveurs sont effectuées et Alexandra Elbakyan cherche activement à compléter les manques de son répertoire en se basant sur les sujets et journaux les plus demandés[1].
Durant l'été 2015, de grandes bibliothèques universitaires apprennent que leurs coûteux abonnements à Elsevier et Wiley ont été détournés ou piratés pour ou par un serveur donnant un accès gratuit à des milliers puis des millions d'articles[12].
En 2016, le classement d'Alexandra Elbakyan parmi les dix personnalités les plus influentes de l'année par la revue Nature[13] accroît la notoriété de Sci-Hub.
Les éditeurs les plus touchés ayant porté plainte, le nom de domaine original, sci-hub.org, est rapidement désactivé en , sur décision de justice américaine[14]. Le projet refait surface sous un nom de domaine en « .io »[15],[16], les dons des utilisateurs couvrant le coût de fonctionnement[17]. Le nom de domaine « .io » est supprimé en 2016[18].
La bibliothèque de données de Sci-Hub abriterait, en , environ 62 millions de documents[19], soit 68,9 % de la littérature scientifique référencée par Crossref et 85 % des articles publiés par les éditeurs payants[20].
Le , Twitter bloque de façon permanente le compte officiel de Sci-Hub[21] en application d'un règlement sur la contrefaçon. Des chercheurs indiens ont exprimé leurs inquiétudes, affirmant que le compte est essentiel dans la poursuite de leurs recherches[22].
Le , l'unité de lutte aux crimes contre la propriété intellectuelle de la police de la Cité de Londres déclare que l'utilisation du site pourrait constituer une menace contre les données personnelles des étudiants qui y ont accès, mentionnant entre autres que des institutions russes pourraient recueillir des données. Dans la foulée, le chef de l'unité demande aux universités britanniques de bloquer l'accès au site, jugeant que les informations transmises par les étudiants pourraient servir à compromettre les réseaux informatiques des universités. Des spécialistes jugent que les étudiants pourraient aussi télécharger des programmes malicieux[23].
Le site est spécialement conçu pour copier les données cachées derrière les « péages » et les rendre accessibles à l'utilisateur (avec le titre ou le Digital Object Identifier (DOI) de l'article comme mot-clé), et il serait plus fiable pour trouver le texte intégral[17]. Il est également possible de passer par le moteur de recherche Google Scholar pour trouver un article puis de passer les barrières des éditeurs en utilisant l'extension Sci-Hub depuis son navigateur[1]. Pour ces raisons, il est de plus en plus tentant de l'utiliser pour la communauté étudiante, les académiques ou des personnes intéressées par les sujets traités, notamment dans les pays en développement tels que l'Inde et l'Indonésie[24], ainsi qu'en Iran, en Chine, en Russie et au Brésil[5]. Fournir aux institutions et aux pays financièrement défavorisés et manquant d'infrastructures scientifiques un accès aux résultats de la recherche était expressément le but d'Alexandra Elbakyan dès la création du site. Elle a expliqué qu'elle avait téléchargé des documents de manière similaire pour effectuer son travail de recherche dans une université du Kazakhstan, étant donné son besoin d'en parcourir des centaines[25]. C'était le premier site à offrir un accès automatique et gratuit à large échelle, ceci lui valant parfois d'être comparé au « Robin des Bois de la science »[7].
Avant son lancement, les scientifiques, la communauté étudiante et le lectorat d'articles scientifiques non-abonnés pouvaient solliciter par courriel les auteurs des papiers nécessaires à leur recherche[7]. Au moment du lancement de Sci-Hub, des forums et réseaux sociaux scientifiques existaient aussi, comme le tag #ICanHazPDF sur Twitter[26]. Ce partage « manuel » semble supplanté par Sci-Hub et d'autres équivalents comme Library Genesis (LibGen) qui peuvent répondre à des milliers de requêtes par jour[7]. De facto, Sci-Hub est devenu une sorte de première bibliothèque scientifique virtuelle ouverte et presque universelle, mais dont les contenus sont majoritairement illégalement mis à disposition (une partie est cependant à l'origine en accès libre[17]). De la création du site en 2011 à , plus de 3 millions d'IP uniques auraient fait des demandes (sachant qu'une seule IP peut éventuellement désigner un établissement scolaire, une institution, un laboratoire ou un sous-ensemble universitaire regroupant parfois un grand nombre de personnes).
Un article publié par le site web du journal Science en est introduit par l'exemple d'un étudiant iranien qui devrait (en 2015) dépenser environ 1 000 $US par semaine (l'équivalent de toutes ses dépenses mensuelles) pour acheter les articles scientifiques de son domaine (plusieurs dizaines de dollars par article de quelques pages), que son université n'a pas les moyens de lui procurer (notamment à cause des mesures d'embargo). Parmi les programmes d'aides au monde académique de pays en voie de développement, un seul semblait pouvoir couvrir son domaine scientifique, « Share Link », qui l'oblige à contacter individuellement les auteurs d'articles pour solliciter une copie gratuite, ce qui constitue un frein considérable à l'activité de recherche. De plus, ces liens sont généralement morts dans les 50 jours après la publication[17]. L'article présente aussi le point de vue opposé : celui d'éditeurs tels qu'Elsevier dont le directeur tweetait : « Je suis pour l'accès universel, mais pas le vol ! » lors d'un débat houleux à propos de l'accès universel via Sci-Hub s'étant déroulé le [17].
L'auteur de l'article, John Bohannon, a négocié avec Sci-Hub (sans difficulté, précise-t-il) de pouvoir analyser des données anonymisées de demande de consultation pour une période de 6 mois (de à ) pour répondre à des questions encore sans réponses : qui accède à la plateforme ? d'où ? et pour lire quoi ? Résultat : au moment de l'étude des dizaines de millions de contacts ont eu lieu en 6 mois avec environ 28 millions d'articles recherchés, dont plus de 2,6 millions demandés par des personnes de l'Iran, 3,4 millions en Inde et 4,4 millions en Chine. Des demandes ont émané de tous les continents sauf l'Antarctique et de presque tous les pays, pour tous les champs scientifiques et pour des articles récents, mais aussi anciens[17]. Jusqu'alors, on ignorait qui consultait ces documents[17].
Selon cette étude, une partie de l'usage le plus intense de Sci-Hub est le fait de campus universitaires américains et européens[17]. Certains chercheurs semblent utiliser Sci-Hub par commodité plutôt que par nécessité alors qu'ils pourraient obtenir le même article de leur bibliothèque universitaire, ce qui pourrait expliquer que les États-Unis sont le cinquième pays (après la Russie) chargeant le plus d'articles et un quart des demandes faites à Sci-Hub provenant de 34 pays membres de l'OCDE, c'est-à-dire des pays réputés les plus riches et ayant théoriquement un accès facile aux périodiques scientifiques, via des abonnements universitaires (souvent, pour les revues de haut niveau, l'étudiant n'a accès qu'à des revues liées à son domaine d'étude, ce qui peut freiner la pluridisciplinarité)[17]. Les historiques de téléchargement montrent que ce site permet aussi à des chercheurs de continuer à travailler en Libye malgré la guerre civile[17].
En février 2020, la Chine est le premier pays de provenance des téléchargements (15 millions en un mois), les États-Unis étant seconds[27].
Les flux temporels de téléchargement reflètent le rythme de vie des chercheurs de plus en plus actifs au fur et à mesure de l'avancée de la journée et pour certains jusque tard dans la nuit (ou toute la nuit). Fin , Sci-Hub atteint son record de téléchargements (plus de 200 000 demandes par jour)[17]. En , ce sont 700 000 articles qui sont téléchargés chaque jour[8].
À la suite de l'article de John Bohannon, le site web de la revue Science publiait les résultats d'un questionnaire de l'opinion de ses lecteurs, sur Sci-Hub. Il en ressort que 88 % des 11 000 participants pensent que ce n'est pas « mal » de télécharger des articles sur le site créé par Alexandra Elbakyan[28].
Une étude publiée en montre que 35 % des téléchargements seraient des articles parus dans les deux dernières années. Les éditeurs les plus « téléchargés » seraient Elsevier et Springer Nature, tandis que les publications de Wiley-Blackwell et de l'Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) sont beaucoup moins téléchargées malgré leur important contenu[19].
Une étude internationale dans le domaine de l'ophtalmologie parue en 2019[29], met en évidence des inégalités d'accès aux articles scientifiques accessibles sur abonnement extrêmement importantes, et montre que Sci-hub est indispensable à beaucoup de chercheurs pour faire leur travail dans des conditions acceptables. Dans les 27 institutions réparties sur les six continents incluses dans cette étude, les chercheurs accèdent en moyenne aux textes intégraux de 48,6 % (min 0 %; max 94,8 %) des articles sur abonnement lorsqu'ils utilisent leurs accès institutionnels. Ce pourcentage est de 94,8 % (min 93,9 %; max 98,3 %) lorsqu'ils utilisent Sci-Hub de manière complémentaire. Ces inégalités d’accès montrent que de nombreuses institutions de recherche sont incapables de souscrire les abonnements aux revues nécessaires afin que leurs chercheurs puissent pratiquer une recherche de qualité. Face à cette situation encore trop souvent défavorable, beaucoup de chercheurs et cliniciens dans le monde n’ont pas d'autres moyens que d'utiliser le site Sci-Hub pour obtenir les informations essentielles dont ils ont besoin pour répondre de manière appropriée aux besoins de soins des patients[30].
Peu d'informations concernant les moyens gratuits, souvent illégaux, d'accéder aux revues scientifiques existe sur les sites web des bibliothèques universitaires hispanophones, les informations sur Sci-Hub en particulier sont plus présentes sur les sites des bibliothèques d'universités anglophones. Le site est souvent décrit négativement. Parallèlement, les blogs informels de ces mêmes universités regorgent de référence à ce site et de nombreux chercheurs se targuent de l'utiliser, le recommandant également à leurs étudiants de manière informelle. Au moins une université aux États-Unis, l'université Cornell, explique ouvertement comment utiliser Sci-Hub[31].
Sci-Hub peut être comparé à un marché noir qui fournirait des articles scientifiques à des consommateurs incapables de se les procurer par des moyens légaux, ou tentés par un accès plus facile à ces publications. Son existence est la conséquence directe du monopole exercé par les éditeurs scientifiques[32] et du modèle économique qui en découle, pour David W. Lewis, doyen à l'Indiana University – Purdue University Indianapolis.
Le coût souvent prohibitif de l'accès à la littérature scientifique est vivement critiqué, jugé disproportionné en regard d'un coût marginal de production très faible ou, plus probablement, nul, pour les éditeurs[32]. Les auteurs ne sont pas rémunérés par les éditeurs pour ce travail, ils financent en partie le coût d'édition et la relecture par les pairs est bénévole[33]. Les profits réalisés par les éditeurs scientifiques en situation de monopole sont de l'ordre de 25 % à 35 %. Enfin, pour organiser la pénurie des documents informatisés, leur accès par les interfaces informatiques légales a été rendu inutilement complexe[32].
Ce marché noir est d'autant plus utilisé que les dommages infligés aux auteurs sont considérés comme quasiment nuls (cela leur serait même bénéfique, rendant leurs publications accessibles à un plus grand nombre) et que la probabilité d'être arrêté et sanctionné pour son usage est faible[32].
Une évaluation précise des pertes pour Elsevier ou Wiley est difficile, notamment parce que les statistiques de téléchargements des grands éditeurs ne sont pas publiques[17]. Selon Elsevier en 2010, l'ensemble des éditeurs auraient été spoliés de plus de 1 milliard de téléchargements par an et Sci-Hub pourrait « détourner » entre 4 et 5 % du trafic anticipé. Selon l'interview d'Alexandra Elbakyan sur le site web de Science, « de nombreux universitaires ont volontairement fait don » de codes d'accès à la plate-forme, et « elle n'a pas utilisé l'hameçonnage pour les obtenir »[17]. Sur son blog, elle reconnaît avoir imaginé que certains codes aient pu avoir été obtenus par piratage[1]. Il y a aussi des copies légales (plus de 4 000 au moment de l'étude publiée en 2016) de documents publiés sous licence libre (par exemple sur PLoS), ce qui laisse penser que de nombreux utilisateurs utilisent la plate-forme comme un portail pratique pour consulter toutes sortes de travaux[17].
Le site est attaqué en justice auprès du tribunal de New York, en par l'éditeur néerlando-britannique Elsevier, dans une affaire nommée Elsevier et al. vs Sci-Hub et al.[34],[35]. La maison d'édition demande que les plateformes comme Sci-Hub, LibGen ou BookFi (en) cessent de distribuer des documents protégés par copyright. Elsevier argue que Sci-Hub accède illégalement aux comptes d'étudiants et d'institutions académiques pour contourner les paywalls de la plate-forme d'Elsevier, ScienceDirect. Sci-Hub étant hébergé à Saint-Pétersbourg en Russie, le système judiciaire américain n'a aucune autorité dans ce dossier[5]. Certains voient dans cette affaire un engagement d'Elsevier contre la libre diffusion des connaissances.
Malgré la fermeture du site original ordonnée par un tribunal de New York le , le site est toujours accessible à des noms de domaine alternatifs dès les mois qui suivent[9],[15]. Le site est également accessible par l'intermédiaire du réseau Tor[9].
L'Electronic Frontier Foundation, défendant les libertés sur Internet, a cité la déclaration universelle des droits de l'homme : « Toute personne a le droit […] de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent », pour soutenir Sci-Hub et LibGen[36]. Le procès a suscité de nombreuses critiques contre Elsevier.
En , American Chemical Society (ACS) intente un procès contre Sci-Hub, aux motifs de non-respect du droit d'auteur, de contrefaçon de marque et de marque de commerce. Le un tribunal de district de Virginie condamne Sci-Hub à une amende de 4,8 millions US$ et des intérêts. Le juge demande aussi aux fournisseurs de service du Web aux États-Unis (moteurs et sites de recherche, bureaux d'enregistrement de noms de domaine, registres de noms de domaine) de ne plus faciliter l'accès à tout ou partie des noms de domaine pour protéger la reproduction et la distribution des marques ACS ou des œuvres protégées par ACS[37],[38]. Fin , les miroirs sci-hub.ac et sci-hub.cc et sci-hub.io sont injoignables à la suite du procès gagné par l'ACS[39],[40].
Daniel Himmelstein (chercheur de l'Université de Pennsylvanie), ayant évalué le nombre d'articles publiés par Sci-Hub, estime que « cette affaire pourrait créer un précédent dans la mesure où des tierces parties sur Internet sont nécessaires pour imposer la censure imposée par le gouvernement »[37]. Sci-Hub ne pourra a priori pas verser les sommes qu'on lui demande, et il est géographiquement situé hors de l'aire de juridiction du tribunal. ACS a donc annoncé son intention de s'attaquer aux « entités qui ont agi de concert ou en participation active avec Sci-Hub, comme les sites hébergeant du contenu d'ACS ». La Computer and Communications Industry Association (en) (CCIA) avait demandé lors du procès via un amicus curiae qu'ACS retire de ses demandes le blocage du fournisseur d'accès et des moteurs de recherche, ce qui a été refusé par le juge (alors que dans l'affaire Elsevier précédente, à la suite d'une même demande le juge avait admis et soutenu la demande de la CCIA et de l'Internet Commerce Coalition ce qui avait poussé Elsevier à modifier ses demandes). Quelles que soient les mesures prises, « le mouvement pour la liberté de l'internet s'intéressera vivement aux procédures » a-t-il ajouté[37].
En 2017, Alexandra Elbakyan a été condamnée par contumace, à verser 15 millions de dollars à Elsevier, en dommages et intérêts[41].
En France, le , le tribunal judiciaire de Paris ordonne aux fournisseurs d’accès à internet Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom de bloquer l’accès à Sci-Hub ainsi qu’à LibGen à leurs clients[42]. Le tribunal a confirmé que la méthode de blocage pourra être choisie par les FAI, avec un blocage DNS. Les fournisseurs d’accès d'Orange et Bouygues Télécom ont fait valoir qu’ils souhaitaient choisir eux-mêmes les modalités du blocage, au lieu de celle suggérée par les éditeurs (le blocage par adresse IP)[43]. Le changement de DNS, l'utilisation d’un VPN ou du réseau Tor permettent de contourner le blocage[44]. Par ailleurs, comme celui-ci ne concerne pas RENATER, l'accès à Sci-Hub reste possible dans la majorité des établissements français d'enseignement supérieur et de recherche[44]. La décision de justice étant valable pour un an, Sci-Hub est progressivement de nouveau accessible, sans contournement, à partir de [45], avant qu'un nouveau jugement ne soit rendu en décembre 2020 pour relancer le blocage de 18 mois[46].
Le en Inde, Elsevier, Wiley et American Chemical Society intentent une poursuite judiciaire contre Sci-Hub devant la High Court de Delhi (en) ; les trois éditeurs exigent que le site soit bloqué sur le territoire indien. Même s'ils ont déposé un document de 2 169 pages pour faire valoir leur plainte, ils ne proposent aucune nouvelle théorie légale et préfèrent s'appuyer sur ce qui existe déjà[47].
Sur les autres projets Wikimedia :